Partagez la publication :
Prairie Vélo Tour, parrainé par Bonjour Manitoba, visait à promouvoir la vaste diversité de chemins de gravier de la région de La Montagne, tout en mettant en valeur la culture et les produits locaux. La revue en ligne Bikepacking.com a demandé à l’organisateur de l’évènement Brian Szklarczuk de présenter des photos et un résumé du voyage en vélo parcouru par les cyclistes.
Lisez ci-dessous la version française de l’article.
Pour vivre une aventure à vélo à travers des villes ancrées dans l’histoire, comme Bruxelles, Notre‑Dame‑de‑Lourdes et St‑Claude, au Manitoba, nul besoin de prendre un vol transcontinental, d’avoir un passeport canadien ni de prendre un congé de plusieurs semaines. Il suffit de se procurer une carte du Manitoba, de faire une heure de route en auto et d’avoir envie d’apprivoiser des « montagnes » les mieux préservées de cette région des prairies appelée « la Montagne ».
En partenariat avec Bonjour Manitoba, un groupe de neuf cyclistes de calibre différent – certains étaient des coureurs aguerris du Tour Divide et d’autres, des novices du cyclotourisme – se sont lancé le défi d’explorer à vélo les communautés francophones de la vallée de Pembina. Les cyclistes se sont retrouvés au centre communautaire de St‑Claude, où ils ont fait connaissance et procédé à une dernière vérification avant d’enfourcher leurs montures aussi variées que leurs propriétaires, un assortiment allant des vélos munis d’un équipement de pointe aux vélos‑remorques en passant par toutes sortes d’entre‑deux. C’est exactement ce que doit être le cyclotourisme, accessible à tous.
Nous avions prévu démarrer à 9 heures, mais nous avons eu bien du mal à respecter notre plan de match. En plus des nombreux badauds qui nous observaient d’un œil curieux (Qui sont ces énergumènes à vélo et que diable peuvent‑ils bien faire ICI?), beaucoup de passants avaient envie de partager avec nous leur connaissance de la région et de ses côtes abruptes et nous dévoiler certains secrets que la route nous réservait. Nous avons finalement quitté St‑Claude en direction de Roseisle, bien connue pour les sentiers Birch Trails, où s’est déroulée la compétition de vélo de montagne durant les Jeux panaméricains de 1999. Après avoir partagé la route avec des automobilistes qui nous dépassaient prudemment avec un large sourire et un salut de la main, nous avons vite commencé à rouler sur les routes de gravier concassé manitobaines. Quand nous avons planifié notre circuit, nous avions justement à l’esprit ces chemins plus sécuritaires, mais quand même assez exigeants.
Après les premières collines, les chemins, les pâturages et le paysage bucolique m’ont rappelé un coin spécial de Belgique où j’ai fait beaucoup de vélo. Les montées du Manitoba sont tout aussi exigeantes, avec ses creux abrupts et les forts vents contraires. Comme en Belgique, ce relief dégage une cependant grande quiétude.
C’est à Miami que nous avons fait notre premier arrêt de la journée (et oui, il y a un Miami au Manitoba) où nous avons été accueillis par d’autres curieux. Après un lunch santé composé d’un sandwich et d’une salade d’une fraîcheur incomparable, nous avons mis le cap sur le « grand inconnu », une région réputée pour ses forts vents et ses immenses parcs éoliens disséminés autour des villages d’Altamont et de St‑Léon. C’était ma première visite dans cette partie de la province. Notre itinéraire programmé par GPS nous a heureusement fait éviter les tronçons de route les plus exposés au vent, sans rien enlever à la beauté du paysage jalonné par ces gigantesques turbines de production d’énergie propre.
En cours de route, nous avons découvert une voie ferrée abandonnée, l’ultime vestige du chemin de fer historique qui a assuré la prospérité de la région durant près d’un siècle. Peu importe la taille de leurs pneus (plus de 40 mm plus), les cyclistes ont tous réussi à manœuvrer sur cette piste. L’un des points forts du sentier a été la découverte d’un pont à chevalets, l’un des plus anciens de l’Ouest canadien. Cette merveille d’ingénierie offre une vue époustouflante sur cette partie peu connue du Manitoba.
Face à un vent contraire typique du Manitoba, les cyclistes ont roulé à leur propre rythme sur le sentier recouvert d’arbres pour finalement déboucher sur les routes des prairies. Le gravier ne posait pas de problème, mais nous avons ont dû lutter contre des vents impitoyables de 40 km à l’heure. Rouler contre le vent au Manitoba, c’est toute une expérience!
Laissant les vents et les grosses côtes derrière nous, nous sommes lentement arrivés au village de Somerset, soulagés de retrouver l’asphalte après les chemins de gravier éreintants. Tout le monde était content de poser ses pénates et de passer une soirée de détente. Le souper chez GeeGee’s était à la hauteur de nos attentes, de même que la visite privée du musée local dont la collection d’objets militaires et d’artefacts locaux a fait revivre la région sous nos yeux. Nous avions fait nos réservations au camping de Somerset avant d’arriver pour la nuit. Après une longue journée en selle, nous étions contents de nous installer confortablement dans ce havre de paix et de prendre une bonne douche chaude avant de dormir.
Le lendemain matin, après avoir levé le camp et pris un excellent déjeuner chez GeeGee’s, nous avons bifurqué vers le nord, vers les Pembina Steps comme on les appelle en anglais, une succession de chemins en gravier d’environ un demi‑kilomètre qui grimpent par paliers. Ces routes offrent un panorama incomparable sur les vastes terres agricoles du Manitoba. Après un arrêt à l’école St-Adélard, l’une des dernières écoles patrimoniales des prairies, où les visiteurs ont l’occasion de s’asseoir à la place des élèves et de conjuguer des verbes tout en résolvant des problèmes arithmétiques, notre groupe de cyclistes s’est dirigé vers sa prochaine destination, Notre-Dame-de-Lourdes.
Le brusque changement de direction du vent nous a donné un peu de répit. Nous avons fait notre entrée dans le village francophone de Notre‑Dame‑de‑Lourdes portés par un fort vent arrière. Nous nous sommes reposés sur la terrasse du restaurant Big Al’s en dégustant une poutine fumante puis, une fois ragaillardis, nous avons entamé notre dernière étape vers St‑Claude.
Tout en parcourant ce dernier tronçon de notre randonnée dans la vallée de Pembina, la beauté des champs ondoyants de soya, de tournesol, de blé et d’orge n’a cessé de nous ravir. Poussée par un agréable vent arrière, nous pouvions enfin lever les yeux pour admirer le paysage, au lieu de constamment surveiller l’état de nos pneus et les traces de caoutchouc sur la route. Pendant que les Manitobains se préparaient aux difficiles mois d’hiver qui s’en viennent, nous regardions ces champs avec un sentiment de fierté et d’émerveillement pour la prospérité qu’ils apportent à la région et la nourriture qu’ils nous offrent.
Après une dernière photo de groupe, notre aventure s’est terminée là où elle avait débuté. Durant le trajet du retour en auto, nous avons eu amplement le temps de réfléchir au grand potentiel du cyclotourisme si près de chez nous. Aucun de nous n’avait encore eu la chance d’admirer la grandeur du Manitoba de cette manière. Depuis, nous avons vraiment envie de partager notre expérience avec vous. Vous serez des nôtres?
© 2025 , Conseil de développement des municipalités bilingues du Manitoba. Tous droits réservés.